AVERTISSEMENT

Plus de sept années, cruelles, stériles, se seront écoulées entre la publication du tome Ier de cet inventaire et celle du tome II. La collection fut évacuée au début de la guerre et sa remise en place ne fut définitive qu'à Pâques 1946. Plus lente encore, après des années d'absence forcée, fut la réadaption de l'auteur du présent travail à sa propre méthode de recherches.

Pendant ce temps, un an jour pour jour après la mort subite de Jean Przyluski, Pelliot disparaissait. Du moins les avis et les critiques de mes maîtres ne font ils pas entièrement défant à ce volume, car ils avaient lu les notices les plus importantes.

De même que pour le tome I, l'identification des textes chinois, sauf celle celle de quelques uns (n° 1040, 1082, 1088, 1096, 1100) due à Mme Guignard, biblothécaire au Cabinet des Manuscrits, est de Lin Li-Kouang, dont la science et l'amitié ne nous auront manqué qu'à sa mort.

On trouvera ici la suite des manuscrits bouddhiques, en particulier les règles de Discipline: Prātimokṣasūtra, Vinayavibhaṅga, et les textes apparentés, comme les śikṣāpada, ainsi que les contes qui peuvent être des fragments de recueils indépendants ou bien des "exemples" illustrant les règles monastiques.

Viennent ensuite les documents qui montrent la vie religieuse sons un aspect vivant, depuis l'inventaire des biens d'un monastère: serviteurs, cheptel, denrées, objets mobiliers, jusqu'aux démêlés avec le papetier chargé de fournir les longs rouleaux pour la copie des textes sacrés.

Quelques grimoires de sorciers Bon précèdent des morceaux sur les présages, la divination, la science médico-magique et l'art vétérinaire, en particulier l'hippiatrie.

On a rassemblé ensuite les textes de loi et les litiges. Ces derniers sont des procès-verbaux enchaînant souvent en une seule phrase la plainte, le résultat des enquêtes et des témoignages, les délibérations, enfin le jugement.

Des morceaux couverts d'inscriptions désordonnées, portent des noms personnels et des noms géographiques en quantité considérable. La majorité de ces inscriptions sont des projets de lettres ou d'actes, des débuts de requêtes, des notes de comptabilité commerciales ou adminstratives. Souvent, ces morceaux d'aspect rebutant, présentent aussi, en écriture tibétaine, des transcriptions du chinois et de langues ou dialectes indéterminés. D'autres documents, parfois assez longs, ont été reconnus comme des spécimens d'une langue que le Professeur F. W. Thomas a appelée nam.

La lecture des textes profanes est quelquefois moins facile que celle des soigneux manuscrits bouddhiques. Tantôt l'écriture est une cursive extrêmement rapide où la confusion entre m, l, et s, b et c, i et e est exusable; tantôt le scribe paraît bien ne pas avoir l'habitude de tracer le tibétain et la forme des lettres s'en ressent également. Mais, surtout, la rédaction échappe aux règles habituelles. La syntaxe et le vocabulaire des jargons qu'emploient, par exemple, les hommes de loi ou les marchands, leur sont aussi particuliers que dans les langues européennes. Enfin, sans une étude minutieuse, il eût été difficile de se familiariser avec l'onomastique qui comprend, en grande majorité, des formes qui ne sont pas tibétaines. Un index analitique groupant tous les noms contenus dans les documents non canoniques paraîtra prochainement.

Mais avant, le tome III, qui est en préparation, donnera, peut-être, la fin de l'inventaire. Il fournira encore beaucoup de noms personnels inscrits sur les textes de donations pieuses et sur les morceaux épars des grandes Prajñāpāramitā.

Afin de faciliter les recherches des sinologues, je donne dans ce fascicule, sous la rubrique Textes chinois, l'index des nombreux manuscrits chinois qui furent utilisés par les scribes tibétains en mal de papier, documents qui font partie du fonds Pelliot-tibétain.

M. L.

SIGLES, ABREVIATIONS, CONCORDANCES.

... avant ou après la citation indique que celle-ci n'est pas limitée par l'état du manuscrit.

--- avant ou après la citation indique que celle-ci est limitée par l'état du manuscrit.

... sous des lettres indique une lecture douteuse.

+ dans une syllabe indique une lacune.

* après le numéro de l'inventaire indique que le texte est resté dans le fonds "Pelliot chinois" et doit être demandé sous la cote de ce fonds indiquée à la fin de la notice. Cf. les numéros 954, 1016, 1026, 1029, 1034, 1036, 1037, 1074, 1137, 1151, 1191, 1197.

* devant un titre ou un nom indique que la forme restituée n'est pas attestée.

"rouleau écrit en lés" veut dire que le rouleau n'est pas écrit dans la largeur, mais dans la longueur, sur des lés de papier collés bout à bout.

"paravent" désigne la façon de plier les feuillets parfois dénommée "en accordéon".

"point intersyllabique au milieu des lettres" indique que ce point, au lieu d'être placé normalement à la hauteur de la partie supérieure des lettres, est à mi-hauteur. Par exemple ma. au lieu de ma་

"réparations d'origine" signale que les manuscrits présentaient déjà ces réparations lorsqu'ils ont été découverts.

Les Prajñāpāramitāhṛdaya sont classés sous trois types:

Type I, texte complet, seul.

Type II, texte complet, plus un mantra final de la Sitātapatrādhāraṇī.

Type III, texte complet, plus deux mantra dont le même que ci-dessus.

Ō., ou Ōtani, abrège le titre A Comparative analytical Catalogue of the Kanǰur division of the tibetan Tripiṭaka... published by the Ōtani Daigaku Library, Kyōto, 1930.

Mdo-maṅ renvoie an Catalogue du fonds tibétain de la Bibliothèque Nationale, IVe partie.

JA = Journal Asiatique.

MCB= Mélanges chinois et bouddhiques publiés par l'Institut belge des Hautes Études chinoises, Bruxelles.

Quelques manuscrits ont été étudiés avant leur classement. Voici la concordance des numéros provisoires sous lesquels ils ont été cités (en italique ici) avec les numéros définitifs: 245= 983; 260 = 999; 326 = 982; 0444 = 981; 3530 = 1045.